Un couple belge cherche désespérément à récupérer le bébé dont il avait imprudemment confié la conception et la gestation à une mère porteuse indélicate. Peu avant le terme de sa grossesse, cette dernière avait fait croire à ses commanditaires que le foetus était mort. Avant de revendre l'enfant, avec bénéfices à la clé, à un couple de Hollandais stérile. Révélé lundi par un quotidien flamand, ce fait divers sordide plonge la Belgique en émoi et suscite, de la part des partis politiques, une avalanche de propositions législatives, destinées à combler le vide juridique entourant le statut des mères porteuses.
C'est en avril 2004 qu'An Blomme, une jeune femme célibataire, avait conclu avec Bart Philtjens et sa compagne, Geertruit Praet – un couple belge vivant dans le nord du pays – un étrange contrat tacite. Moyennant le versement de 10 000 € – au titre des frais médicaux et dédommagements liés à la grossesse – elle acceptait de porter l'embryon, conçu par insémination artificielle, d'ovocytes fécondés grâce au sperme de Baart. Avant de céder au couple, neuf mois plus tard, un joli bébé. Cet épilogue ne se produira jamais.
Après sept mois de grossesse, An Blomme se met brusquement en quête, via Internet, de nouveaux parents d'adoption, mieux disant sur le plan financier. Un couple d'homosexuels belge se présente alors. Mais, flairant la cupidité de la vendeuse d'enfants, il renonce rapidement. Ce sera finalement un couple néerlandais qui, moyennant 15 000 € cette fois, remportera les enchères.
Il ne reste plus qu'à la mère porteuse à abuser les premiers donneurs d'ordre, en inventant un monstrueux mensonge. Le 13 janvier, elle envoie à Bart et Geertruit un e-mail catastrophé : «A cause du stress, j'ai perdu l'enfant. Le bébé est mort.» Dix jours plus tard, elle accouche d'une petite Donna et entame aussitôt les procédures d'adoption au profit du couple néerlandais.
Pour sa part, le couple belge a rapidement découvert la supercherie, mais se retrouve aujourd'hui dépourvu : leurs concurrents hollandais n'ont pas l'intention d'abandonner leur nourrisson ; pire, le contrat signé avec la mère biologique n'a aucune valeur juridique. «Tout le monde s'accorde à reconnaître qu'il est désormais nécessaire de légiférer sur les mères por teuses», souligne-t-on au ministère de la Justice.
Pierre Avril
Source : Le Figaro
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