mardi 31 décembre 2019

Avortements et retraites !


Marie-Laure des Brosses : 
« Ces bébés qui ne naissent pas sont autant de cotisants qui nous manqueront dans quelques années pour financer les retraites ! »

Marie-Laure des Brosses, vous êtes porte-parole de Make Mothers Matter (MMM) France. Quel est l’objet de ce mouvement ? 

L’ONG Make Mothers Matter, apolitique et non confessionnelle, fédère des associations qui regroupent plus de dix millions de mères dans le monde. Nous agissons sur le terrain au côté des mères pour améliorer l’éducation, l’économie, la santé et la paix. Nous faisons entendre la voix des mères à l’ONU, à l’UNESCO, à l’Union européenne et dans la trentaine de pays où nous sommes présentes.

Vous êtes actuellement très active sur les réseaux sociaux, sur lesquels vous mettez en garde les mères de famille contre cette réforme des retraites. Pourtant, le gouvernement, et notamment Marlène Schiappa, répètent que les femmes sortiront gagnantes de cette réforme…

Réformer les retraites est indispensable pour ne pas laisser un système non financé à la génération qui vient. Mais aujourd’hui, les femmes ont une retraite inférieure de 40 % à celles des hommes, notamment en raison du temps qu’elles prennent pour élever leurs enfants (congé parental, temps partiel, interruption de carrière pendant quelques années pour certaines mères de famille nombreuse). Il serait tout à fait injuste que la réforme en préparation vienne aggraver cet écart de niveau de pension.


Pensez-vous que cette réforme peut avoir un effet négatif sur la natalité (déjà en berne) ?

Oui, à fin 2019, la France aura perdu 80.000 naissances par an en seulement sept ans, en lien avec une politique familiale qui a compliqué la vie des familles (réduction des possibilités de congé parental, baisse du nombre total de solutions d’accueil pour les enfants de 0 à 3 ans, réductions des aides fiscales aux familles, modulation puis faible revalorisation des allocations familiales, etc.). Un système de retraite qui encouragerait toutes les mères à travailler à plein temps sans la moindre interruption au-delà du congé maternité aurait certainement des conséquences négatives sur la natalité, notamment chez les classes moyennes. Or, ces bébés qui ne naissent pas sont autant de cotisants qui nous manqueront dans quelques années pour financer les retraites !


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