Marie-Laure des Brosses :
« Ces bébés qui ne naissent pas sont autant de
cotisants qui nous manqueront dans quelques années pour financer les retraites
! »
Marie-Laure
des Brosses, vous êtes porte-parole de Make Mothers Matter (MMM) France. Quel
est l’objet de ce mouvement ?
L’ONG Make
Mothers Matter, apolitique et non confessionnelle, fédère des associations qui
regroupent plus de dix millions de mères dans le monde. Nous agissons sur le
terrain au côté des mères pour améliorer l’éducation, l’économie, la santé et
la paix. Nous faisons entendre la voix des mères à l’ONU, à l’UNESCO, à l’Union
européenne et dans la trentaine de pays où nous sommes présentes.
Vous êtes
actuellement très active sur les réseaux sociaux, sur lesquels vous mettez en
garde les mères de famille contre cette réforme des retraites. Pourtant, le gouvernement, et notamment
Marlène Schiappa, répètent que les femmes sortiront gagnantes de cette réforme…
Réformer les
retraites est indispensable pour ne pas laisser un système non financé à la
génération qui vient. Mais aujourd’hui, les femmes ont une retraite inférieure
de 40 % à celles des hommes, notamment en raison du temps qu’elles prennent
pour élever leurs enfants (congé parental, temps partiel, interruption de
carrière pendant quelques années pour certaines mères de famille nombreuse). Il
serait tout à fait injuste que la réforme en préparation vienne aggraver cet
écart de niveau de pension.
Pensez-vous
que cette réforme peut avoir un effet négatif sur la natalité (déjà en berne) ?
Oui, à fin
2019, la France aura perdu 80.000 naissances par an en seulement sept ans, en
lien avec une politique familiale qui a compliqué la vie des familles
(réduction des possibilités de congé parental, baisse du nombre total de
solutions d’accueil pour les enfants de 0 à 3 ans, réductions des aides
fiscales aux familles, modulation puis faible revalorisation des allocations
familiales, etc.). Un système de retraite qui encouragerait toutes les mères à
travailler à plein temps sans la moindre interruption au-delà du congé
maternité aurait certainement des conséquences négatives sur la natalité,
notamment chez les classes moyennes. Or, ces bébés qui ne naissent pas sont
autant de cotisants qui nous manqueront dans quelques années pour financer les
retraites !