mercredi 19 août 2015

Contraception naturelle

Je pratique la symptothermie. J'ai appris à gérer ma fertilité

Par Valentina Salonna

La symptothermie, contraception "naturelle" basée sur l'auto-observation des signes corporels et de la température, est, pour certaines femmes, une alternative à la pilule. Comment fonctionne cette méthode ? Est-elle risquée ?

Réponse de Valentina Salonna, chercheur en Sciences de la Vie, conseillère en fertilité et sexo-thérapeute, adepte de la symptothermie.

La symptothermie est basée sur l'auto-observation des signes corporels et de la température (27319/ISOPIX/SIPA).

Depuis le droit de vote obtenu en France en 1944, quel chemin parcouru par les femmes ! La légalisation de la pilule, en 1967, fait notamment figure de pierre angulaire pour l'émancipation féminine.

Aujourd’hui, nous pouvons profiter de l’incommensurable percée que la pilule nous a offert et pour cette raison, je la respecte profondément. Néanmoins, la femme d’aujourd’hui a comme alliée la symptothermie, pour franchir une autre étape : la gestion de sa fertilité dans la connaissance de son corps et de son cycle.

Une fiabilité reconnue par les études scientifiques

La symptothermie, contraception douce basée sur l'auto-observation des signes corporels et de la température, affiche, grâce à un "double contrôle" inédit dans l'histoire des méthodes naturelles, une sécurité équivalente à celle de la pilule : plus de 99%, en théorie.

En matière de contraception, il faut tenir compte de la pratique réelle : 8% des femmes prenant la pilule tomberont enceintes dans l'année, souvent à cause d'un oubli. Un taux d'échec identique dans la symptothermie, par manque de rigueur dans l'auto-observation.

À sécurité contraceptive égale, le rapport bénéfices-risques pencherait plutôt en faveur de la symptothermie, naturellement sans effets secondaires, mais peu de femmes choisissent cette contraception. Principalement, selon moi, par déficit d'information sur sa fiabilité, mais aussi, pour celles qui la connaissent, par manque de confiance en elles et en leur corps.

Certaines femmes n'ont pas envie de s'encombrer avec l'auto-observation ou la prise des températures pendant 10 à 15 jours dans leur cycle. C'est un choix tout à fait respectable. Mais il est temps de valoriser la symptothermie au grand jour.

Elle a été correctement formalisée depuis 50 ans et constamment améliorée. Les études scientifiques continuent de lui reconnaître sa fiabilité. Les femmes disposent maintenant d'une alternative écologique. Et c'est bien cette liberté de choix qu'il importe de leur communiquer.

J'ai dû intégrer la connaissance du cycle de fertilité


Je pratique la symptothermie (ST pour les intimes) depuis maintenant douze ans. J’ai été élevée dans le yoga, dans une culture bio. C'est pourquoi je n’ai jamais pris d’hormones de synthèse.

Au début, il m'a fallu intégrer la connaissance du cycle de fertilité, apprendre à distinguer les signaux corporels. Mais au bout de quelques mois, l'auto-observation requise par la symptothermie est devenue un automatisme. Comme se laver les dents matin et soir...

Je dirais donc que je ne ressens plus aucune contrainte pour gérer ma fertilité avec cette méthode. J'assume simplement "les devoirs" d'un comportement responsable et autonome.

Grâce à mes années de pratique, je peux maintenant me passer de la prise de température. Sauf pendant les voyages, lorsque mon corps subit le stress du décalage horaire et d'un changement d'environnement.

Pour effectuer le double contrôle indispensable à ma sécurité contraceptive, je me fonde sur l'observation quotidienne de mon élixir de vie (la glaire cervicale) et sur l'autopalpation du col de l'utérus (autre contrôle possible avec la température). Ces observations sont nécessaires pendant toute la période fertile pré-ovulatoire, pendant l'ovulation, mais aussi pendant les trois jours qui suivent le "jour sommet".

Cette attention particulière me confirme la modification de la glaire et la fermeture du col. Je peux ensuite profiter d'une phase 100% infertile en toute confiance. Je ne reprends mes observations qu'à l'entrée de la nouvelle phase fertile, qui s'ouvre à la fin des prochaines menstruations.

Apprendre à s'aimer dans sa féminité cyclique

Si elle a un temps libéré la femme (et le couple), le revers de la pilule est que madame se retrouve toujours "hormono-disponible" pour monsieur, si je puis dire, sans être pleinement connectée aux fluctuations de sa libido, qui dépend beaucoup de son cycle hormonal.

Par ailleurs, beaucoup de femmes souffrent d'un problème de désir ou de sécheresse vaginale à cause des contraceptifs hormonaux. Ces effets secondaires peuvent parfois plomber la vie du couple. La symptothermie propose une nouvelle émancipation : s'aimer dans sa féminité cyclique, partager les variations de son désir en confiance avec soi-même et avec le partenaire, redonner au couple la totale autonomie de la gestion de la fertilité.

Quand on passe le permis de conduire, on a besoin au départ d’un moniteur pour bien manœuvrer. En quatre ans, j’ai instruit une centaine de femmes. Cet apprentissage nécessite quelques mois, mais c'est une connaissance qu'elles gardent toute leur vie, également utile pendant l'allaitement ou la pré-ménopause.